Page 35 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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Outre cela, il reçut tant de coups de
bâton, qu’il ne pouvait se soutenir
quand il fut de retour.
« Cependant le bœuf était très content
; il avait mangé tout ce qu’il y avait
dans son auge, et s’était reposé toute
la journée ; il se réjouissait en lui-
même d’avoir suivi les conseils de
l’Éveillé ; il lui donnait mille
bénédictions pour le bien qu’il lui
avait procuré, et il ne manqua pas de
lui en faire un nouveau compliment
lorsqu’il le vit arriver. L’âne ne
répondit rien au bœuf, tant il avait de
dépit d’avoir été si maltraité : «
C’est par mon imprudence, se disait-il
à lui-même, que je me suis attiré ce
malheur ; je vivais heureux ; tout me
riait ; j’avais tout ce que je pouvais
souhaiter : c’est ma faute si je suis
dans ce déplorable état ; et si je ne
trouve quelque ruse en mon esprit pour
m’en tirer, ma perte est certaine. » En
disant cela, ses forces se trouvèrent
tellement épuisées, qu’il se laissa
tomber à demi mort au pied de son auge.
»
En cet endroit le grand vizir
s’adressant à Scheherazade, lui dit : «
Ma fille, vous faites comme cet âne,
vous vous exposez à vous perdre par
votre fausse prudence. Croyez-moi,