Page 30 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
P. 30
mort sera glorieuse ; et si je réussis
dans mon entreprise, je rendrai à ma
patrie un service important.
- Non, dit le vizir, quoi que vous
puissiez me représenter, pour
m’intéresser à vous permettre de vous
jeter dans cet affreux péril, ne vous
imaginez pas que j’y consente. Quand le
sultan m’ordonnera de vous enfoncer le
poignard dans le sein, hélas ! il
faudra bien que je lui obéisse : quel
triste emploi pour un père Ah ! si
vous ne craignez point la mort,
craignez du moins de me causer la
douleur mortelle de voir ma main teinte
de votre sang.
- Encore une fois, mon père, dit
Scheherazade, accordez-moi la grâce que
je vous demande.
- Votre opiniâtreté, repartit le vizir,
excite ma colère. Pourquoi vouloir
vous-même courir à votre perte ? Qui ne
prévoit pas la fin d’une entreprise
dangereuse n’en saurait sortir
heureusement. Je crains qu’il ne vous
arrive ce qui arriva à l’âne, qui était
bien, et qui ne put s’y tenir.
- Quel malheur arriva-t-il à cet âne ?
reprit Scheherazade.
- Je vais vous le dire, répondit le
vizir ; écoutez-moi :
L’ÂNE, LE BOEUF ET LE LABOUREUR.