Page 28 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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Le grand vizir, qui, comme on l’a déjà
dit, était malgré lui le ministre d’une
si horrible injustice, avait deux
filles, dont l’aînée s’appelait
Scheherazade, et la cadette Dinarzade.
Cette dernière ne manquait pas de
mérite ; mais l’autre avait un courage
au-dessus de son sexe, de l’esprit
infiniment, avec une pénétration
admirable. Elle avait beaucoup de
lecture et une mémoire si prodigieuse,
que rien ne lui avait échappé de tout
ce qu’elle avait lu. Elle s’était
heureusement appliquée à la
philosophie, à la médecine, à
l’histoire et aux arts ; et elle
faisait des vers mieux que les poètes
les plus célèbres de son temps.
Outre cela, elle était pourvue d’une
beauté extraordinaire ; et une vertu
très solide couronnait toutes ses
belles qualités.
Le vizir aimait passionnément une fille
si digne de sa tendresse. Un jour
qu’ils s’entretenaient tous deux
ensemble, elle lui dit : « Mon père,
j’ai une grâce à vous demander ; je
vous supplie très-humblement de me
l’accorder. - Je ne vous la refuse pas,
répondit-il, pourvu qu’elle soit juste
et raisonnable.
Pour juste, répliqua Scheherazade, elle
ne peut l’être davantage, et vous en