Page 24 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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fil garni d’autres bagues de toutes
sortes de façons, et le leur montrant :
« Savez-vous bien, dit-elle, ce que
signifient ces joyaux ? - Non,
répondirent-ils ; mais il ne tiendra
qu’à vous de nous l’apprendre. - Ce
sont, reprit-elle, les bagues de tous
les hommes à qui j’ai fait part de mes
faveurs ; il y en a quatrevingt-dix-
huit bien comptées, que je garde pour
me souvenir
d’eux. Je vous ai demandé les vôtres
pour la même raison, et afin d’avoir la
centaine accomplie : voilà donc,
continua-t-elle, cent amants que j’ai
eus jusqu’à ce jour, malgré la
vigilance et les précautions de ce
vilain génie qui ne me quitte pas. Il a
beau m’enfermer dans cette caisse de
verre, et me tenir cachée au fond de la
mer, je ne laisse pas de tromper ses
soins. Vous voyez par là que quand une
femme a formé un projet, il n’y a point
de mari ni d’amant qui puisse en
empêcher l’exécution. Les hommes
feraient mieux de ne pas contraindre
les femmes ; ce serait le moyen de les
rendre sages. » La dame, leur ayant
parlé de la sorte, passa leurs bagues
dans le même fil où étaient enfilées
les autres. Elle s’assit ensuite comme
auparavant, souleva la tête du génie,
qui ne se réveilla point, la remit sur