Page 20 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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royaumes étrangers traîner une vie
obscure et cacher notre infortune. »
Schahzenan n’approuvait pas cette
résolution ; mais il n’osa la combattre
dans l’emportement où il voyait
Schahriar. « Mon frère, lui dit-il, je
n’ai pas d’autre volonté que la vôtre ;
je suis prêt à vous suivre partout où
il vous plaira ; mais promettez-moi que
nous reviendrons, si nous pouvons
rencontrer quelqu’un qui soit plus
malheureux que nous. - Je vous le
promets, répondit le sultan ; mais je
doute fort que nous trouvions personne
qui le puisse être. - Je ne suis pas de
votre sentiment là-dessus, répliqua le
roi de Tartarie ; peut-être même ne
voyagerons-nous pas longtemps. » En
disant cela, ils sortirent secrètement
du palais, et prirent un autre chemin
que celui par où ils étaient venus. Ils
marchèrent tant qu’ils eurent du jour
assez pour se conduire, et passèrent la
première nuit sous des arbres. S’étant
levés dès le point du jour, ils
continuèrent leur marche jusqu’à ce
qu’ils arrivèrent à une belle prairie
sur le bord de la mer, où il y avait,
d’espace en espace, de grands arbres
fort touffus. Ils s’assirent sous un de
ces arbres pour se délasser et pour y
prendre le frais. L’infidélité des