Page 19 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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eut donné cet ordre, le roi de la
Grande Tartarie et lui montèrent à
cheval, passèrent incognito au travers
du camp, rentrèrent dans la ville et se
rendirent au palais qu’occupait
Schahzenan. Ils se couchèrent ; et le
lendemain, de bon matin, ils s’allèrent
placer à la fenêtre d’où le roi de
Tartarie avait vu la scène des noirs.
Ils jouirent quelque temps de la
fraîcheur ; car le soleil n’était pas
encore levé ; et en s’entretenant, ils
jetaient souvent les yeux du côté de la
porte secrète. Elle s’ouvrit enfin ;
et, pour dire le reste en peu de mots,
la sultane parut avec ses femmes et les
dix noirs déguisés ; elle appela
Massoud ; et le sultan en vit plus
qu’il n’en fallait pour être pleinement
convaincu de sa honte et de son
malheur : « Ô Dieu ! s’écria-t-il,
quelle indignité ! quelle horreur !
L’épouse d’un souverain tel que moi
peut-elle être capable de cette infamie
? Après cela quel prince osera se
vanter d’être parfaitement heureux ? Ah
! mon frère, poursuivit-il en
embrassant le roi de Tartarie,
renonçons tous deux au monde ; la bonne
foi en est bannie : s’il flatte d’un
côté, il trahit de l’autre.
Abandonnons nos états et tout l’éclat
qui nous environne. Allons dans des