Page 31 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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« Un marchand très-riche avait
plusieurs maisons à la campagne, où il
faisait nourrir une grande quantité de
toute sorte de bétail. Il se retira
avec sa femme et ses enfants à une de
ses terres, pour la faire valoir par
lui-même. Il avait le don d’entendre le
langage des bêtes ; mais avec cette
condition, qu’il ne pouvait
l’interpréter à personne, sans
s’exposer à perdre la vie ; ce qui
l’empêchait de communiquer les choses
qu’il avait apprises par le moyen de ce
don.
« Il y avait à une même auge un bœuf et
un âne. Un jour qu’il était assis près
d’eux, et qu’il se divertissait à voir
jouer devant lui ses enfants, il
entendit que le bœuf disait à l’âne :
« L’Éveillé, que je te trouve heureux,
quand je considère le repos dont tu
jouis, et le peu de travail qu’on exige
de toi ! Un homme te panse avec soin,
te lave, te donne de l’orge bien
criblée, et de l’eau fraîche et nette.
Ta plus grande peine est de porter le
marchand notre maître, lorsqu’il a
quelque petit voyage à faire. Sans
cela, toute ta vie se passerait dans
l’oisiveté. La manière dont on me
traite est bien différente, et ma
condition est aussi malheureuse que la
tienne est agréable : il est à peine