Page 49 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
P. 49
as tué mon fils. » Il accompagna ces
mots d’un cri effroyable. Le marchand,
autant effrayé de la hideuse figure du
monstre que des paroles qu’il lui avait
adressées, lui répondit en tremblant :
« Hélas ! mon bon seigneur, de quel
crime puis-je être coupable envers
vous, pour mériter que vous m’ôtiez la
vie ?
- Je veux, reprit le génie, te tuer de
même que tu as tué mon fils.
- Hé ! bon Dieu, repartit le marchand,
comment pourrais-je avoir tué votre
fils ? Je ne le connais point, et je ne
l’ai jamais vu.
- Ne t’es-tu pas assis en arrivant ici
? répliqua le génie ; n’as-tu pas tiré
des dattes de la valise, et, en les
mangeant, n’en as-tu pas jeté les
noyaux à droite et à gauche ?
- J’ai fait ce que vous dites, répondit
le marchand ; je ne puis le nier.
- Cela étant, reprit le génie, je te
dis que tu as tué mon fils, et voici
comment : dans le temps que tu jetais
tes noyaux, mon fils passait ; il en a
reçu un dans l’œil, et il en est mort :
c’est pourquoi il faut que je te tue.
- Ah ! monseigneur, pardon, s’écria le
marchand.
- Point de pardon, répondit le génie,
point de miséricorde. N’est-il pas
juste de tuer celui qui a tué ?