Page 94 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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viendront y jeter leurs filets de bien
prendre garde de repêcher un méchant
génie comme toi, qui as fait serment de
tuer celui qui te mettra en liberté. »
À ces paroles offensantes, le génie,
irrité, fit tous ses efforts pour
sortir du vase ; mais c’est ce qui ne
lui fut pas possible : car l’empreinte
du sceau du prophète Salomon, fils de
David, l’en empêchait. Ainsi, voyant
que le pêcheur avait alors l’avantage
sur lui, il prit le parti de dissimuler
sa colère : « Pêcheur, lui dit-il, d’un
ton radouci, garde-toi bien de faire ce
que tu dis. Ce que j’en ai fait n’a été
que par plaisanterie, et tu ne dois pas
prendre la chose sérieusement.
- Ô génie, répondit le pêcheur, toi
qui étais, il n’y a qu’un moment, le
plus grand, et qui es à cette heure le
plus petit de tous les génies, apprends
que tes artificieux discours ne te
serviront de rien. Tu retourneras à la
mer. Si tu y as demeuré tout le temps
que tu m’as dit, tu pourras bien y
demeurer jusqu’au jour du jugement. Je
t’ai prié, au nom de Dieu, de ne me pas
ôter la vie, tu as rejeté mes prières ;
je dois te rendre la pareille. »
Le génie n’épargna rien pour tâcher de
toucher le pêcheur : « Ouvre le vase,
lui dit-il, donne-moi la liberté, je