Page 11 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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qui cette lettre du général romain confirmait ce que la
renommée lui avait appris, fut ébranlé par le mérite et par
le crédit de Jugurtha, et, faisant violence à ses propres
sentiments, il entreprit de le gagner par des bienfaits. Il
l'adopta sur-le-champ, et par son testament l'institua son
héritier, conjointement avec ses fils. Peu d'années après,
accablé par l'âge, par la maladie, et sentant sa fin
prochaine, il fit venir Jugurtha, puis, en présence de ses
amis, de ses parents et de ses deux fils, Adherbal et
Hiempsal, lui adressa le discours suivant :
X. « Vous étiez enfant, Jugurtha, vous étiez orphelin, sans
avenir et sans fortune, je vous recueillis, je vous approchai
de mon trône, comptant que par mes bienfaits je vous
deviendrais aussi cher qu'à mes propres enfants, si je
venais à en avoir. Cet espoir n'a point été trompé. Sans
parler de vos autres grandes et belles actions, vous avez à
Numance, d'où vous revîntes en dernier lieu, comblé de
gloire et votre roi et votre patrie, votre mérite a resserré les
liens de notre amitié avec les Romains et fait revivre en
Espagne la renommée de notre maison, enfin, ce qui est
bien difficile parmi les hommes, votre gloire a triomphé de
l'envie. Aujourd'hui que la nature a marqué le terme de
mon existence, je vous demande, je vous conjure par cette
main que je presse, par la fidélité que vous devez à votre
roi, de chérir ces enfants qui sont nés vos parents, et qui par
mes bontés sont devenus vos frères. N'allez point préférer
des liaisons nouvelles avec des étrangers à celles que le
sang établit, entre vous. Ni les armées ni les trésors ne sont
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