Page 16 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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m'était délégué et dont vous aviez la disposition
souveraine, il m'ordonna de servir le peuple romain de tous
mes efforts, tant en paix qu'en guerre, et de vous regarder
comme des parents, comme des alliés. En me conduisant
d'après ces maximes, je devais trouver dans votre amitié
une armée, des richesses, et l'appui de ma couronne. Je me
disposais à suivre ces leçons de mon père, lorsque
Jugurtha, l'homme le plus scélérat que la terre ait porté,
m'a, au mépris de votre puissance, chassé de mes Etats et
de tous mes biens, moi, le petit-fils de Masinissa, moi,
l'allié et l'ami héréditaire du peuple romain. Sénateurs,
puisque je devais descendre à ce degré d'infortune, j'aurais
voulu pouvoir solliciter votre secours plutôt par mes
services que par ceux de mes ancêtres, et surtout avoir droit
à votre appui sans en avoir besoin, ou du moins, s'il me
devenait nécessaire, ne le réclamer que comme une dette.
Mais, puisque l'innocence ne peut se défendre par elle-
même, et qu'il n'a pas dépendu de moi de faire de Jugurtha
un autre homme, je me suis réfugié auprès de vous,
sénateurs, avec le regret bien amer d'être forcé de vous être
à charge avant de vous avoir été utile. D'autres rois, après
avoir été vaincus par vos armes, ont obtenu votre amitié, ou
dans leurs périls ont brigué votre alliance. Notre famille, au
contraire, s'unit au peuple romain pendant la guerre de
Carthage, alors que l'honneur de votre amitié était plus à
rechercher que votre fortune. Vous ne voudrez pas,
sénateurs, qu'un descendant de cette famille, qu'un petit-fils
de Masinissa, réclame vainement votre assistance. Quand,
pour l'obtenir, je n'aurais d'autre titre que mon infortune,
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