Page 20 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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malheurs ensemble, expiera son ingratitude envers notre
père, l'assassinat de mon frère et les maux qu'il m'a faits
subir. Faut-il le dire, ô mon frère chéri ! si la vie te fût sitôt
arrachée par la main qui devait le moins y attenter, ton sort
est à mes yeux plus digne d'envie que de regrets. Avec
l'existence, ce n'est pas un trône que tu as perdu, tu as
échappé aux horreurs de la fuite, de l'exil, de l'indigence, et
de tous les maux qui m'accablent. Quant à moi,
malheureux, précipité du trône de mes ancêtres dans un
abîme d'infortunes, je présente au monde le spectacle des
vicissitudes humaines. Incertain du parti que je dois
prendre, poursuivrai-je ta vengeance, privé moi-même de
toute protection ? Songerai-je à remonter sur mon trône,
tandis que ma vie et ma mort dépendent de secours
étrangers ? Ah ! que la mort n'est-elle une voie honorable
de terminer ma destinée ! Mais n'encourrais-je pas un juste
mépris, si, par lassitude de mes maux, j'allais céder la place
à l'oppresseur ? Je ne peux désormais vivre avec honneur
ni mourir sans honte. Je vous en conjure, sénateurs, par
vous-mêmes, par vos enfants, par vos ancêtres, par la
majesté du peuple romain, secourez-moi dans mon
malheur, opposez-vous à l'injustice, et puisque le trône de
Numidie vous appartient, ne souffrez pas qu'il soit plus
longtemps souillé par le crime et par le sang de notre
famille. »
XV. Après qu'Adherbal eut cessé de parler, les
ambassadeurs de Jugurtha, comptant plus sur leurs
largesses que sur la bonté de leur cause, répondirent en peu
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