Page 17 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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moi monarque, puissant naguère par ma naissance, ma
considération, mes armées, aujourd'hui flétri par la disgrâce
sans ressources et sans autre espoir que des secours
étrangers, il serait de la dignité du peuple romain de
réprimer l'injustice et d'empêcher un royaume de s'accroître
par le crime. Et cependant, je suis expulsé des provinces
dont le peuple romain fit don à mes ancêtres et, d'où mon
père et mon aïeul, unis à vous, chassèrent Syphax et les
Carthaginois. Vos bienfaits me sont ravis, sénateurs, et
mon injure devient pour vous un outrage. Hélas ! Quel est
mon malheur ! Voilà donc, ô Micipsa, mon père le fruit de
tes bienfaits ! Celui que tu fis l'égal de tes enfants et que tu
appelas au partage de ta couronne, devait-il devenir le
destructeur de ta race ? Notre famille ne connaîtra donc
jamais le repos ? Serons-nous toujours dans le sang, dans
les combats et dans l'exil? Tant que Carthage a subsisté,
nous pouvions nous attendre à toutes ces calamités, nos
ennemis étaient à nos portes, vous, Romains, nos amis,
vous étiez éloignés, notre unique espoir était dans nos
armes. Mais depuis que l'Afrique est purgée de ce fléau,
nous goûtions avec joie les douceurs de la paix, nous
n'avions plus d'ennemis, si ce n'est peut-être ceux que vous
nous auriez ordonné de combattre. Et voilà que tout à coup
Jugurtha, dévoilant son insupportable audace, sa
scélératesse et son insolente tyrannie, assassine mon frère,
son proche parent, et fait du royaume de sa victime le prix
de son forfait. Puis, après avoir vainement tenté de me
prendre aux mêmes pièges, il me chasse de mes Etats et de
mon palais, alors que, vivant sous votre empire, je n'avais à
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