Page 21 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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de mots qu'Hiempsal avait été tué par les Numides à cause
de sa cruauté, qu'Adherbal, vaincu après avoir été
l'agresseur, venait se plaindre du tort qu'il n'avait pu faire,
que Jugurtha priait le sénat de ne pas le croire différent de
ce qu'on l'avait vu à Numance, et de le juger plutôt sur ses
actions, sur les paroles de ses ennemis. Adherbal et les
ambassadeurs s'étant retirés, le sénat passe, sur-le-champ à
la délibération. Les partisans de Jugurtha et beaucoup
d'autres, corrompus par l'intrigue, tournent en dérision les
paroles d'Adherbal, et par leurs éloges, exaltent le mérite
de son adversaire. Leur influence sur l'assemblée, leur
éloquence, tous ces moyens sont épuisés pour pallier le
crime et la honte d'un vil scélérat, comme s'il se fût agi de
leur propre honneur. Il n'y eut qu'un petit nombre de
sénateurs qui, préférant aux richesses la justice et la vertu,
votèrent pour que Rome secourût Adherbal, et punît
sévèrement le meurtre de son frère. Cet avis fut surtout
appuyé par Emilius Scaurus, homme d'une naissance
distinguée, actif, factieux, avide de pouvoir, d'honneurs, de
richesses mais habile à cacher ses défauts. Témoin de
l'éclat scandaleux et de l'impudence avec lesquels on avait
répandu les largesses du roi, il craignit, ce qui arrive en
pareil cas de se rendre odieux en prenant part à cet infâme
trafic et contint sa cupidité habituelle.
XVI. La victoire cependant demeura au parti qui, dans le
sénat, sacrifiait la justice à l'argent ou à la faveur. On
décréta que dix commissaires iraient en Afrique partager
entre Jugurtha et Adherbal les Etats qu'avaient possédés
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