Page 19 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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réprimer l'in justice. Mais aujourd'hui, banni de ma patrie,
de mon palais, sans suite, dépourvu des marques de ma
dignité, où diriger mes pas ? à qui m'adresser ? à quelles
nations, à quels rois, quand votre alliance les a tous rendus
ennemis de ma famille ? Sur quel rivage puis-je aborder où
je ne trouve encore les marques multipliées des hostilités
qu'y portèrent mes ancêtres ? Est-il quelque peuple qui
puisse compatir à mes malheurs, s'il n’a jamais été votre
ennemi ? Tel est en un mot, sénateurs, la politique que
nous a enseigné Massinissa : « Ne nous attacher qu'au
peuple romain, ne point contracter d'autres alliances ni de
nouvelles ligues, alors nous trouverions dans votre amitié,
d'assez puissants appuis, ou si la fortune venait à
abandonner votre empire, c'était avec lui que nous devions,
périr. » Votre vertu et la volonté des dieux vous ont rendus
puissants et heureux, tout vous est soumis. Il ne vous en est
que plus facile de venger les injures de vos alliés. Tout ce
que je crains c'est que l'amitié peu éclairée de quelques
citoyens pour Jugurtha n'égare leurs intentions. J'apprends
qu'ils n'épargnent ni démarches ni sollicitations ni
importunités auprès de chacun de vous pour obtenir que ne
décidiez rien en l'absence de Jugurtha et sans l'avoir
entendu. Suivant eux, mes imputations sont fausses et ma
fuite simulée, j'aurai pu demeurer dans mes Etats. Puissé-
je, ô ciel ! voir le fratricide, auteur de toutes mes
infortunes, réduit à mentir de même ! Puissiez-vous,
quelque jour, vous et les dieux immortels, prendre souci
des affaires humaines ! Et cet homme si fier de l'élévation
qu'il doit à ses crimes désormais en proie à tous les
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