Page 62 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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pas se laisser abattre, à ne pas abandonner la victoire à un
ennemi qui fuit ; il leur représente qu'ils n'ont ni camp ni
retranchement pour protéger leur retraite, que leur unique
ressource est dans leurs armes. Jugurtha cependant ne reste
point oisif, il parcourt le champ de bataille, exhorte ses
troupes, rétablit le combat, et lui-même, à la tête de ses
meilleurs soldats, fait les derniers efforts, soutient les siens,
pousse vivement ceux des ennemis qu'il voit ébranlés, et,
quant à ceux dont il reconnaît l'intrépidité, il sait les
contenir en les combattant de loin.
LII. Ainsi luttaient ensemble ces deux grands capitaines,
avec une égale habileté, mais avec des moyens différents.
Metellus avait pour lui la valeur de ses soldats, contre lui le
désavantage du terrain, tout secondait Jugurtha, tout,
excepté son armée. Enfin, les Romains, convaincus qu'ils
n'ont aucun moyen de retraite, ni la possibilité de forcer
l'ennemi à combattre, pressés d'ailleurs par la nuit
tombante, exécutent l'ordre de leur général, et se font jour
en franchissant la colline. Chassés de ce poste, les Numides
se dispersent et fuient. Il n'en périt qu'un petit nombre, leur
vitesse, jointe au peu de connaissance que nous avions du
pays, les sauva presque tous. Cependant Bomilcar, chargé
par Jugurtha, comme nous l'avons dit, de la conduite des
éléphants et d'une partie de l'infanterie, avait, dès qu'il
s'était vu devancer par Rutilius, conduit au pas ses soldats
dans la plaine et, tandis que le lieutenant de Metellus
pressait sa marche pour arriver au fleuve vers lequel il avait
été détaché en avant, Bomilcar prit son temps pour ranger
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