Page 67 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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n'oubliait pas qu'à la suite de la gloire marche toujours
l'envie : aussi, plus sa renommée avait d'éclat, plus il évitait
de la compromettre. Depuis que Jugurtha avait surpris
l'armée romaine, elle ne se débandait plus pour piller.
Fallait-il aller au fourrage ou à la provision, les cohortes et
toute la cavalerie servaient d'escorte. Il divisa son armée en
deux corps, commandés, l'un par lui-même, l'autre par
Marius, et les occupa moins à piller qu'à incendier les
campagnes. Les deux corps avaient chacun leur camp,
assez près l'un de l'autre. S'il était besoin de se prêter main-
forte, ils se réunissaient ; mais, ce cas excepté, ils
agissaient séparément pour répandre plus loin la terreur et
la fuite. Cependant Jugurtha les suivait le long des collines,
épiant le moment et le lieu propres à l'attaque ; là où il
apprenait que les Romains devaient porter leurs pas, il
gâtait les fourrages et empoisonnait les sources, si rares
dans ce pays : il se montrait tantôt à Metellus, tantôt à
Marius, tombait sur les derniers rangs, et regagnait aussitôt
les hauteurs ; puis il revenait menacer l'un, harceler l'autre,
enfin, ne livrant jamais de bataille, ne laissant jamais de
repos, il réussissait à empêcher l'ennemi d'accomplir ses
desseins.
LVI. Le général romain, fatigué des ruses continuelles d'un
ennemi qui ne lui permet pas de combattre, prend le parti
d'assiéger Zama, ville considérable, et le boulevard de la
partie du royaume où elle était située. Il prévoyait que,
selon toute apparence, Jugurtha viendrait au secours de ses
sujets assiégés, et qu'une bataille se livrerait. Le Numide,
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