Page 70 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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sûreté, chacun selon son caractère, les uns fuient, les autres
prennent leurs armes, la plupart sont tués ou blessés. De
toute cette multitude, quarante soldats seulement, fidèles à
l'honneur du nom romain, se forment en peloton, et
s'emparent d'une petite éminence, d'où les efforts les plus
soutenus ne peuvent les chasser. Les traits qu'on leur lance
de loin, cette poignée d'hommes les renvoie, sans que, pour
ainsi dire, un seul porte-à-faux sur la masse de leurs
assaillants. Si les Numides se rapprochent, alors cette
vaillante élite, déployant une vigueur irrésistible, les taille
en pièces, les disperse, les met en fuite, Metellus en était au
plus fort de ses attaques, lorsqu'il entendit derrière lui les
cris des ennemis ; il tourne bride, et voit les fuyards se
diriger de son côté, ce qui lui indique que ce sont les
Romains. Il détache aussitôt Marius vers le camp avec
toute la cavalerie et les cohortes des alliés ; puis, les larmes
aux yeux, il les conjure, au nom de leur amitié et de la
république, de ne pas souffrir qu'un pareil affront soit fait à
une armée victorieuse, ni que l'ennemi se retire
impunément. Marius exécute promptement ces ordres.
Jugurtha, embarrassé dans les retranchements de notre
camp, voyant une partie de ses cavaliers s'élancer par-
dessus les palissades, les autres se presser dans des
passages étroits où ils se nuisent par leur précipitation, se
retire enfin dans des positions fortes, avec une perte
considérable. Metellus, sans être venu à bout de son
entreprise, est forcé, par la nuit, de rentrer dans son camp
avec son armée.
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