Page 71 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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LIX. Le lendemain, avant de sortir pour attaquer la place,
il ordonne à toute sa cavalerie de former ses escadrons
devant la partie du camp par où Jugurtha était survenu la
veille. La garde des portes, et celle des postes les plus
voisins de l'ennemi, sont réparties entre les tribuns.
Metellus marche ensuite sur Zama, donne l'assaut et,
comme le jour précédent, Jugurtha sort de son embuscade,
et fond tout à coup sur les nôtres, les plus avancés laissent
un moment la crainte et la confusion pénétrer dans leurs
rangs, mais leurs compagnons d'armes reviennent les
soutenir. Les Numides n'auraient pu résister longtemps, si
leurs fantassins, mêlés aux cavaliers, n'eussent, dans le
choc, porté des coups terribles. Appuyée de cette
infanterie, la cavalerie numide, au lieu de charger et de se
replier ensuite, selon sa manoeuvre habituelle, poussait à
toute bride à travers nos rangs, les rompait, les enfonçait, et
livrait à ces agiles fantassins des ennemis à moitié vaincus.
LX. Dans le même temps, on combattait avec ardeur sous
les murs de Zama. A tous les postes où commande un
lieutenant ou quelque tribun, l'effort est le plus opiniâtre :
personne ne met son espoir dans autrui ; chacun ne compte
que sur soi. Les assiégés, avec la même ardeur, combattent
et font face à l'ennemi sur tous les points, de part et d'autre
on est plus occupé à porter des coups qu'à s'en garantir. Les
clameurs mêlées d'exhortations, de cris de joie, de
gémissements, et le fracas des armes, s'élèvent jusqu'au
ciel, les traits volent de tous côtés. Cependant les
défenseurs de la place, pour peu que leurs ennemis
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