Page 75 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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à l'esclavage, et que c'est en pure perte qu'il aura sacrifié
tous ses moyens de défense, il se décide à recommencer la
guerre plus que jamais. A Rome, le sénat avait, dans la
répartition des provinces, prorogé la Numidie à Metellus.
LXIII. Vers ce même temps, il arriva que, Marius offrant
un sacrifice aux dieux, dans Utique, l'aruspice lui prédit de
grandes et mémorables destinées, assurant que, fort du
secours des dieux, il accomplirait les desseins qu'il avait
dans l'âme, qu'il pouvait, sans se lasser, mettre sa fortune à
l'épreuve ; que tout lui serait prospère. Dès longtemps, en
effet, Marins nourrissait le plus violent désir d'arriver au
consulat. Pour y parvenir, il réunissait tous les titres,
excepté l'illustration des ancêtres : talents, probité,
connaissance profonde de l'art militaire, courage
indomptable dans les combats, simplicité dans la paix,
enfin, un mépris des richesses et des voluptés égales à sa
passion pour la gloire. Né à Arpinum, où il passa toute son
enfance, dès qu'il fut d'âge à supporter les fatigues de la
guerre, il s'adonna entièrement aux exercices des camps, et
point du tout à l'éloquence des Grecs ni aux formes de
l'urbanité romaine. Au milieu de ces louables occupations,
son âme s'était fortifiée de bonne heure loin de la
corruption. Lorsqu'en premier lieu il sollicita, auprès du
peuple, le tribunat militaire, bien que presque aucun
citoyen ne le connût personnellement, sa réputation lui
valut les suffrages spontanés de toutes les tribus. Dès ce
moment, il s'éleva successivement de magistrature en
magistrature, et, dans toutes ses fonctions, il se montra
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