Page 77 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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sollicitations, on prétend que le proconsul lui dit : « Qui
          vous presse de partir ? il sera assez temps pour vous de
          demander le consulat quand mon fils se mettra sur les rangs
          ». Or ce jeune homme, qui servait alors sous les yeux de
          son père, était à peine dans sa vingtième année. Cette
          réponse enflamme encore plus Marius pour la dignité qu'il
          convoite, en l'irritant profondément contre son général. Dès
          ce moment, il n'a pour guides de ses actions que l'ambition
          et la colère, de tous les conseillers les plus funestes :
          démarches, discours, tous les moyens lui semblent bons
          pour se concilier la faveur populaire : aux soldats qu'il
          commande dans leurs quartiers d'hiver, il accorde le
          relâchement de la discipline ; devant les marchands
          romains, qui se trouvaient en grand nombre à Utique, il ne
          cesse de parler de la guerre d'un ton à la fois frondeur et
          fanfaron : Qu'on lui donne seulement la moitié de l'armée,
          et en peu de jours il amènera Jugurtha chargé de chaînes ;
          le général traînait exprès la guerre en longueur, parce que,
          bouffi de vanité, orgueilleux comme un roi, il se
          complaisait dans le commandement. Ces discours faisaient
          d'autant plus d'impression sur ceux auxquels ils
          s'adressaient, que la durée de la guerre compromettait leur

          fortune : les gens pressés ne trouvent jamais qu'on aille
          assez vite.

          LXV. Il y avait alors dans notre armée un Numide nommé
          Gauda, fils de Manastabal et petit-fils de Masinissa, à qui
          Micipsa, par testament, avait substitué ses Etats. Les
          infirmités dont il était accablé avaient un peu affaibli son

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