Page 79 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
P. 79
fait fabriquer ou achète des armes, des traits, et réunit tous
les moyens de défense que l'espoir de la paix lui avait fait
sacrifier ,il attire à lui les esclaves romains, et veut séduire
par son or jusqu'aux soldats de nos garnisons ; partout il
excite à la révolte par la corruption, tout est remué par ses
intrigues. Ses manoeuvres réussissent auprès des habitants
de Vacca, où Metellus, lors des premières ouvertures
pacifiques de Jugurtha, avait fait mettre garnison.
Importunés par les supplications de leur roi, pour lequel ils
n'avaient jamais eu d'éloignement, les principaux habitants
forment entre eux un complot en sa faveur ; car le peuple,
qui, par habitude, et surtout chez les Numides, est
inconstant, séditieux, ami des révolutions, ne soupirait
qu'après un changement, et détestait l'ordre et le repos.
Toutes les dispositions prises, les conjurés fixent
l'exécution du complot au troisième jour : c'était une fête
solennisée dans toute l'Afrique, et qui semblait inviter à la
joie et au plaisir, mais nullement à la crainte. Au temps
marqué, les centurions, les tribuns militaires, puis même le
commandant de la place, T. Turpilius Silanus, sont chacun
invités chez quelqu'un des principaux habitants, et tous, à
l'exception de Turpilius, massacrés au milieu du festin. Les
conjurés tombent ensuite sur nos soldats, qui, profitant de
la fête et de l'absence de leurs officiers, couraient la ville
sans armes. Les gens du peuple prennent part au massacre ;
les uns initiés au complot par la noblesse, les autres attirés
par le goût de pareilles exécutions, dans leur ignorance de
ce qui s'est fait, de ce qui se prépare, le désordre, un
changement nouveau, est tout ce qui les flatte.
www.dzwebdata.com