Page 76 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
P. 76
toujours supérieur à son emploi. Cependant, à cette époque,
cet homme si distingué, que son ambition perdit par la
suite, n'osait encore briguer le consulat car alors, si le
peuple disposait des autres magistratures, la noblesse se
transmettait de main en main cette dignité suprême, dont
elle était exclusivement en possession. Tout homme
nouveau, quels que fussent sa renommée et l'éclat de ses
actions, paraissait indigne de cet honneur, il était comme
souillé par la tache de sa naissance.
LXIV. Toutefois, les paroles de l'aruspice s'accordant avec
les ambitieux désirs de Marius, celui-ci demande à
Metellus son congé pour aller se mettre au nombre des
candidats. Bien que ce général réunît à un degré supérieur
mérite, renommée, et mille autres qualités désirables dans
un homme vertueux, il n'était pas exempt de cette hauteur
dédaigneuse qui est le défaut général de la noblesse. Frappé
d'abord de cette démarche sans exemple, il en témoigne à
son questeur toute sa surprise, et lui conseille, en ami, de
ne pas s'engager dans un projet si chimérique ; de ne pas
élever ses pensées au-dessus de sa condition ; il lui objecte
que les mêmes prétentions ne conviennent pas à tous ; qu'il
devait se trouver satisfait de sa position, et surtout se bien
garder de solliciter du peuple romain ce qui ne pouvait que
lui attirer un refus mérité. Voyant que ces représentations
et d'autres discours semblables n'avaient point ébranlé
Marius, Metellus ajouta, « que, dès que les affaires
publiques lui en laisseraient le loisir, il lui accorderait sa
demande ». Marius ne cessant de réitérer les mêmes
www.dzwebdata.com