Page 72 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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ralentissent leurs attaques, portaient leurs regards attentifs
sur le combat de la cavalerie et, selon les chances diverses
qu'éprouvait Jugurtha, vous les eussiez vus livrés à la joie
ou à la crainte. Comme s'ils eussent été à portée d'être
aperçus ou entendus par leurs compatriotes, ils
avertissaient, exhortaient, faisaient signe de la main, et se
donnaient tous les mouvements d'hommes qui veulent
lancer ou éviter des traits. Marius remarque cette
préoccupation, car il commandait de ce côté, il ralentit à
dessein la vivacité de ses attaques, affecte du
découragement, et laisse les Numides contempler à leur
aise le combat que livre leur roi, puis, au moment où
l'intérêt qu'ils prennent à leurs compatriotes les occupe tout
entiers, il donne tout à coup le plus vigoureux assaut à la
place. Déjà nos soldats, portés sur les échelles, étaient prêts
à saisir le haut de la muraille, lorsque les assiégés
accourent, lancent sur eux des pierres, des feux, toutes
sortes de projectiles. Les nôtres tiennent ferme d'abord,
bientôt deux ou trois échelles se rompent, ceux qui étaient
dessus tombent écrasés, les autres se sauvent comme ils
peuvent, peu d'entre eux sains et saufs, la plupart criblés de
blessures. Enfin, la nuit fait, de part et d'autre, cesser le
combat.
LXI. Metellus reconnut bientôt l'inutilité de ses tentatives,
il ne pouvait prendre la ville, et Jugurtha n'engageait de
combat que par surprise ou avec l'avantage du poste,
d'ailleurs, la campagne touchait à sa fin. Le consul lève
donc le siège de Zama, met garnison dans les villes qui
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