Page 64 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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quarante, furent tués. Malgré la fatigue de la marche, du
          campement, du combat, et la joie de la victoire, les
          Romains, comme Metellus se faisait attendre plus
          longtemps qu'on n'avait pensé, s'avancent au-devant de lui,
          en bon ordre, avec précaution : les ruses des Numides ne
          permettaient ni relâche ni négligence. Lorsque, dans
          l'obscurité de la nuit, les deux armées se rapprochèrent, au
          bruit de leur marche, elles se crurent réciproquement en
          présence de l'ennemi, et devinrent l'une pour l'autre un
          sujet d'alarme et de tumulte. Cette méprise aurait amené la
          plus déplorable catastrophe, si, de part et d'autre, des
          cavaliers détachés en éclaireurs n'eussent reconnu la vérité.
          Aussitôt la crainte fait place à l'allégresse, les soldats, dans
          leur ravissement, s'abordent l'un l'autre, on raconte, on
          écoute ce qui s'est passé, chacun porte aux nues ses actes
          de bravoure. Car ainsi vont les choses humaines : la
          victoire permet même au lâche de se vanter, les revers
          rabaissent jusqu'aux plus braves.

          LIV. Metellus demeure campé quatre jours dans ce lieu, il
          donne tous ses soins aux blessés, décerne les récompenses
          militaires méritées dans les deux combats, adresse

          publiquement à toutes ses troupes des félicitations et des
          actions de grâces, puis les exhorte à montrer le même
          courage pour des travaux désormais plus faciles : après
          avoir combattu pour la victoire, leurs efforts, disait-il,
          n'auraient plus pour but que le butin. Cependant il envoie
          des transfuges et d'autres émissaires adroits, afin de
          découvrir chez quel peuple s'était réfugié Jugurtha, ce qu'il

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