Page 59 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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sans compter que les Numides ne leur sont inférieurs ni par
le nombre ni par l'expérience. Qu'ils se tiennent donc prêts
et attentifs au premier signal, pour fondre sur les Romains :
ce jour doit couronner tous leurs travaux et toutes leurs
victoires, ou devenir pour eux le commencement des plus
affreux malheurs. Jugurtha s'adresse ensuite à chaque
homme, reconnaît-il un soldat qu'il avait récompensé pour
quelque beau fait d'armes, soit par de l'argent, soit par des
grades, il lui rappelle cette faveur, et le propose comme
exemple aux autres, enfin, selon le caractère de chacun, il
promet, menace, supplie, emploie tous les moyens pour
exciter le courage. Cependant Metellus, ignorant les
mouvements de l'ennemi, descend la montagne à la tête de
son armée ; il regarde, et reste d'abord en doute sur ce qu'il
aperçoit d'extraordinaire car les Numides et leurs chevaux
étaient embusqués dans les broussailles et, quoique les
arbres ne fussent pas assez élevés pour les couvrir
entièrement, il était difficile de les distinguer, tant à cause
de la nature du terrain que de la précaution qu'ils prenaient
de se cacher, ainsi que leurs enseignes. Bientôt, ayant
découvert l'embuscade, le consul suspendit un instant sa
marche et changea son ordre de bataille. Sur son flanc
droit, qui était le plus près de l'ennemi, il disposa sa troupe
en trois lignes, distribua les frondeurs et les archers entre
les corps d'infanterie légionnaire, et rangea sur les ailes
toute la cavalerie. En peu de mots, car le temps pressait, il
exhorta ses soldats ; puis il les conduisit dans la plaine, en
conservant l'ordre d'après lequel la tête de l'armée en était
devenue le flanc.
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