Page 54 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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que Metellus sût que l'attente des événements préoccupait
tous les citoyens, il résolut pourtant de ne point commencer
la campagne qu'il n'eût forcé les soldats à plier sous le joug
de l'ancienne discipline. Consterné de l'échec qu'avaient
essuyé son frère et l'armée, Albinus avait pris la résolution
de ne point sortir de la Province romaine ; aussi, durant
tout le temps que dura son commandement, tint-il
constamment ses troupes stationnées dans le même endroit,
jusqu'à ce que l'infection de l'air ou le manque de fourrages
le forçât d'aller camper ailleurs. Mais la garde du camp ne
se faisait point selon les règles militaires, on ne se fortifiait
plus, s'écartait qui voulait du drapeau ; les valets d'armée,
pêle-mêle avec les soldats, erraient jour et nuit, et dans
leurs courses dévastaient les champs, attaquaient les
maisons de campagne, enlevaient à l'envi les esclaves et les
troupeaux, puis les échangeaient avec des marchands
contre des vins étrangers et d'autres denrées semblables. Ils
vendaient aussi le blé des distributions publiques, et
achetaient du pain au jour le jour. Enfin, tout ce que la
parole peut exprimer, et l'imagination concevoir de
honteux en fait de mollesse et de dissolution, était encore
au-dessous de ce qui se voyait dans cette armée.
XLV. Au milieu de ces difficultés, Metellus, à mon avis, se
montra non moins grand, non moins habile que dans ses
opérations contre l'ennemi, tant il sut garder un juste milieu
entre une excessive rigueur et une condescendance
coupable. Par un édit, il fit d'abord disparaître ce qui
entretenait la mollesse, prohiba dans le camp la vente du
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