Page 51 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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tant désiré aux jours d'infortune, le repos, devint, quand on
l'eut obtenu, plus rude et plus amer que l'adversité même.
On vit désormais la noblesse abuser sans mesure de sa
prééminence, le peuple de sa liberté ; chacun attirer à soi,
empiéter, envahir et la république, placée entre deux
factions contraires, fut misérablement déchirée. Toutefois
la noblesse, groupée en une seule faction, eut l'avantage, et
le peuple, dont la force était désunie, dispersée dans la
masse, perdit sa puissance. Le caprice de quelques
individus décida toutes les affaires au dedans et au dehors :
pour eux seuls étaient la fortune publique, les provinces,
les magistratures, les distinctions et les triomphes ; au
peuple étaient réservés le service militaire et l'indigence.
Le butin fait à l'armée devenait la proie des généraux et de
quelques favoris. Les parents, les jeunes enfants des
soldats, avaient-ils quelque voisin puissant, on les chassait
de leurs foyers. Armée du pouvoir, une cupidité sans frein
et sans bornes usurpa, profana, dépeupla tout ; rien ne fut
épargné, rien ne fut respecté, jusqu'à ce que cette noblesse
elle-même eut creusé l'abîme qui devait l'engloutir. En
effet, dès qu'il s'éleva du sein de la noblesse quelques
hommes qui préféraient une gloire véritable à la
domination la plus injuste, il y eut ébranlement dans l'Etat,
et l'on vit naître des dissensions civiles semblables aux
grandes commotions qui bouleversent la terre. Dès que
Tibérius et C. Gracchus, dont les ancêtres avaient, dans la
guerre punique et dans quelques autres, contribué à
l'agrandissement de la république, entreprirent de
reconquérir la liberté du peuple et de démasquer les crimes
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