Page 49 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
P. 49

comme il était juste, déclare que, sans son autorisation et
          celle du peuple, aucun traité n'a pu être valablement
          conclu. Le consul part quelques jours après pour l'Afrique
          mais, sur l'opposition des tribuns du peuple, il ne peut
          embarquer avec lui les troupes qu'il venait de lever. Toute
          notre armée, depuis l'évacuation de la Numidie, aux termes
          du traité, était en quartiers d'hiver dans la Province
          romaine. Dès son arrivée, Albinus brûlait de poursuivre
          Jugurtha, pour apaiser l'indignation soulevée contre son
          frère mais, quand il eut reconnu que les soldats, outre la
          honte de leur fuite, étaient, par le relâchement de la
          discipline, livrés à la licence et à la débauche, il demeura
          convaincu que, dans l'état des choses, il n'y avait pour lui
          aucune entreprise à former.

          XL. Cependant, à Rome, le tribun C. Mamilius Limetanus
          fit au peuple une proposition tendant à informer contre
          ceux qui, par leurs conseils, avaient engagé Jugurtha à
          désobéir aux décrets du sénat ; qui, dans leurs ambassades
          ou dans leurs commandements, avaient reçu de l'argent de
          ce prince, ou lui avaient livré des éléphants et des
          transfuges, enfin qui avaient traité de la paix ou de la

          guerre avec les ennemis. A cette proposition personne n'osa
          résister ouvertement, ni ceux qui se sentaient coupables, ni
          ceux qui redoutaient les dangers de l'irritation des partis :
          les uns et les autres craignaient de paraître approuver les
          prévarications et tous les crimes dénonces par les tribuns.
          Mais indirectement, par le moyen de leurs amis, surtout
          d'un grand nombre de citoyens du Latium et d'alliés

          www.dzwebdata.com
   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54