Page 48 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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retranchement qu'il s'était chargé de défendre, ce fut par-là
          que s'élancèrent tous les Numides. Les nôtres fuirent
          honteusement, en jetant leurs armes, et se retirèrent sur une
          hauteur voisine : la nuit et le pillage du camp arrêtèrent les
          ennemis dans la poursuite de leur victoire. Le lendemain,
          dans une entrevue avec Aulus, Jugurtha lui dit que, s'il était
          maître du propréteur et de l'armée romaine, il voulait bien
          toutefois, en considération de l'instabilité des choses
          humaines, et pourvu qu'Aulus signât la paix, laisser partir
          sains et saufs tous les Romains, après les avoir fait passer
          sous le joug, qu'enfin il leur donnait dix jours pour évacuer
          la Numidie. Quelques dures, quelque ignominieuses que
          fussent ces conditions, les Romains, comme il fallait les
          accepter ou mourir, souscrivirent au traité dicté par
          Jugurtha.


          XXXIX. Ces événements, dès qu'ils sont connus dans
          Rome, y répandent la crainte et la désolation. Les uns
          s'affligent pour la gloire de l'empire, d'autres, dans leur
          ignorance des vicissitudes de la guerre, craignent déjà pour
          l'indépendance de la république : tous s'indignent contre
          Aulus, ceux surtout qui, ayant fait la guerre avec
          distinction, ne pouvaient lui pardonner d'avoir, les armes à
          la main, cherché son salut dans l'ignominie plutôt que dans
          sa valeur. Le consul Albinus, redoutant pour lui la haine
          publique et les dangers que provoque le crime de son frère,
          soumet le traité à la délibération du sénat. Cependant il
          lève des recrues, demande des renforts aux alliés et aux
          Latins, et pourvoit à toutes choses avec activité. Le sénat,


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