Page 43 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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complices, il fût livré au supplice comme un ennemi
          public, selon la coutume de nos ancêtres. Memmius,
          consultant plutôt la dignité du peuple romain que son
          indignation, calme cette effervescence et apaise les esprits
          irrités. Il proteste en outre, autant qu'il est en lui, contre
          toute violation de la foi publique. Le silence s'étant rétabli,
          il fait comparaître Jugurtha, et, prenant la parole, il lui
          rappelle les crimes dont il s'est souillé tant à Rome qu'en
          Numidie, et lui représente ses attentats contre son père et
          ses frères, ajoutant qu'encore que les agents à l'aide
          desquels il a commis ces forfaits lui fussent connus, le
          peuple romain voulait cependant obtenir un aveu formel de
          sa bouche ; que si Jugurtha disait la vérité, il devait mettre
          sa confiance dans la loyauté et dans la clémence du peuple
          romain ; mais que, s'il s'obstinait à se taire, il se perdrait
          lui-même avec toutes ses espérances, sans sauver ses
          complices.

          XXXIV. Quand Memmius eut cessé de parler, et que
          Jugurtha reçut l'ordre de répondre, le tribun du peuple C.
          Bébius, gagné par argent, comme je l'ai dit ci-dessus,
          ordonna au prince de garder le silence. Bien que la

          multitude, indignée, s'efforçât d'effrayer Bébius par ses
          clameurs, par ses regards, souvent même par ses gestes
          menaçants, enfin par tous les emportements que suggère la
          fureur, l'impudence du tribun l'emporta cependant. Le
          peuple ainsi joué se retire, Jugurtha, Bestia et tous ceux
          qu'avaient inquiétés les poursuites reprennent une nouvelle
          assurance.

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