Page 45 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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en accusation, plutôt par des motifs d'équité et de justice
qu'en vertu du droit des gens, Bomilcar, qui était de la suite
d'un prince venu à Rome sous la garantie de la foi
publique. Quant à Jugurtha., auteur manifeste du crime, il
persiste à lutter contre l'évidence, jusqu'à ce qu'il
reconnaisse que son or et son crédit échoueront contre
l'horreur d'un pareil forfait. Aussi, quoique, dès l'ouverture
des débats, il eût présenté cinquante de ses amis pour
caution de Bomilcar, moins soucieux de leur épargner des
sacrifices que jaloux de son autorité, il renvoie secrètement
Bomilcar en Numidie, dans la crainte que ses sujets
n'appréhendassent désormais de lui obéir, si cet agent était
livré au supplice. Lui-même partit peu de jours après, sur
l'ordre que lui avait intimé le sénat de quitter l'Italie. On
prétend qu'an sortir de Rome il jeta souvent en silence ses
regards sur cette ville, et s'écria : « Ville vénale, qui périrait
bientôt si elle trouvait un acheteur ! »
XXXVI. La guerre recommence, Albinus fait promptement
transporter en Afrique des vivres, de l'argent, et tout ce qui
est nécessaire aux troupes : lui-même se hâte de partir,
pour qu'avant les comices, dont l'époque n'était pas
éloignée, il pût, par la force des armes, par la soumission
spontanée de l'ennemi, ou par toute autre voie, mettre fin à
cette guerre. Jugurtha, au contraire, traîne en longueur
toutes les opérations, et fait naître délais sur délais. Il
promet de se rendre, puis il affecte de la défiance, il plie
devant l'ennemi qui le presse. Et bientôt après, pour ne pas
décourager les siens, il le presse à son tour : c'est ainsi qu'il
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