Page 53 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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peuple. Dès son entrée en fonctions, pensant qu'il ne devait
pas attendre le concours de son collègue, il dirigea
exclusivement ses pensées vers la guerre dont il se trouvait
chargé. Comme il n'avait aucune confiance dans l'ancienne
armée, il enrôle des soldats, tire des secours de tous côtés,
rassemble des armes, des traits, des chevaux, des équipages
militaires, des vivres en abondance, enfin pourvoit à tout ce
qui devait être utile dans une guerre où l'on pouvait
s'attendre à beaucoup de vicissitudes et de privations. Tout
concourut à l'accomplissement de ses dispositions : le sénat
par son autorité, les alliés, les Latins et les rois, par leur
empressement à envoyer des secours spontanés, enfin tous
les citoyens par l'ardeur de leur zèle. Tout étant prêt,
arrangé selon ses désirs, Metellus part pour la Numidie,
laissant ses concitoyens pleins d'une confiance fondée sur
ses grands talents et particulièrement sur son incorruptible
probité ; car, jusqu'à ce jour, c'était la cupidité des
magistrats romains qui avait ébranlé notre puissance en
Numidie et accru celle des ennemis.
XLIV. Dès que Metellus fut arrivé en Afrique, le
proconsul Albinus lui remit une armée sans vigueur, sans
courage, redoutant les fatigues comme les périls, plus
prompte à parler qu'à se battre, pillant les alliés, pillée elle-
même par l'ennemi, indocile au commandement, livrée à la
dissolution. Le nouveau général conçoit plus d'inquiétude
en voyant la démoralisation de ses troupes que de
confiance et d'espoir dans leur nombre. Aussi, quoique le
retard des comices eût abrégé le temps de la campagne, et
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