Page 55 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
P. 55
pain ou de tout autre aliment cuit, défendit aux valets de
suivre l'armée, aux simples soldats d'avoir, dans les
campements ou dans les marches, des esclaves ou des bêtes
de somme. Quant aux autres désordres, il y mit un frein par
l'adresse. Chaque jour, prenant des routes détournées, il
levait son camp, qu'il faisait, comme en présence de
l'ennemi, entourer d'une palissade et d'un fossé, multipliant
les postes et les visitant lui-même avec ses lieutenants.
Dans les marches, il se plaçait tantôt à la tête, tantôt en
arrière, quelquefois au centre, afin que personne ne quittât
son rang, qu'on se tînt serré autour de ses drapeaux, et que
le soldat portât lui-même ses vivres et ses armes. C'est ainsi
qu'en prévenant les fautes, plutôt qu'en les punissant, le
consul eut bientôt rétabli la discipline de l'armée.
XLVI. Informé par ses émissaires des mesures que prenait
Metellus, dont à Rome il avait pu par lui-même apprécier
l'incorruptible vertu, Jugurtha commence à se défier de sa
fortune, et cette fois, enfin, il s'efforce d'obtenir la paix par
une véritable soumission. Il envoie au consul des
ambassadeurs dans l'appareil de suppliants, et qui ne
demandent que la vie sauve pour lui et pour ses enfants, sur
tout le reste il se remet à la discrétion du peuple romain.
Metellus connaissait déjà, par expérience, la perfidie des
Numides, la mobilité de leur caractère et leur amour pour
le changement. Il prend donc en particulier chacun des
ambassadeurs, les sonde adroitement, et, les trouvant dans
des dispositions favorables à ses vues, il leur persuade, à
force de promesses, de lui livrer Jugurtha mort ou vif puis,
www.dzwebdata.com