Page 56 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
P. 56
en audience publique, il les charge de transmettre une
réponse conforme aux désirs de leur roi. Quelques jours
après, à la tête d'une armée bien disposée, remplie d'ardeur,
il entre en Numidie. Nul appareil de guerre ne s'offre à ses
regards ; aucun habitant n'avait quitté sa chaumière ; les
troupeaux et les laboureurs étaient répandus dans les
champs. A chaque ville ou bourgade, les préfets du roi
venaient au-devant du consul lui offrir du blé, des
transports pour ses vivres, enfin une obéissance entière à
ses ordres. Toutefois Metellus n'en fit pas moins marcher
son armée avec autant de précaution et dans le même ordre
que si l'ennemi eût été présent. Il envoyait au loin en
reconnaissance, convaincu que ces marques de soumission
n'étaient que simulées, et qu'on ne cherchait que l'occasion
de le surprendre. Lui-même, avec les cohortes armées à la
légère, les frondeurs et les archers d'élite, il marchait aux
premiers rangs. Son lieutenant, C. Marius, à la tête de la
cavalerie, veillait à l'arrière-garde. Sur chacun des flancs de
l'armée était échelonnée la cavalerie auxiliaire, aux ordres
des tribuns des légions et des préfets des cohortes, et les
vélites, mêlés à cette troupe, étaient prêts à repousser sur
tous les points les escadrons ennemis. Jugurtha était si rusé,
il avait une telle connaissance du pays et de l'art militaire,
que, de loin ou de près, en paix ou en guerre ouverte, on ne
savait quand il était le plus à craindre.
XLVII. Non loin de la route que suivait Metellus, était une
ville numide nommée Vacca, le marché le plus fréquenté
de tout le royaume. Là s'étaient établis et venaient trafiquer
www.dzwebdata.com