Page 52 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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de quelques hommes, la noblesse, épouvantée parce qu'elle
se sentait coupable, sut par le moyen, tantôt des alliés,
tantôt des Latins, quelquefois même des chevaliers romains
qu'avait éloignés du peuple l'espoir d'être associés à la
puissance patricienne , mettre obstacle aux tentatives des
Gracques. D'abord Tibérius, tribun du peuple, puis,
quelques années après, Caïus, triumvir pour l'établissement
des colonies, qui s'était engagé dans les mêmes voies, et
avec lui M. Fulvius Flaccus, tombèrent sous le fer des
nobles. A dire vrai, les Gracques, dans l'ardeur de la
victoire, ne montrèrent point assez de modération ; car
l'homme de bien aime mieux succomber que de repousser
l'injustice par des moyens criminels. La noblesse usa de la
victoire avec acharnement : elle se délivra d'une foule de
citoyens par le fer ou par l'exil, se préparant ainsi plus de
dangers pour l'avenir que de puissance réelle. C'est ce qui,
presque toujours, a fait la perte des grands Etats : un parti
veut triompher de l'autre à quelque prix que ce soit, et
exercer sur les vaincus les plus cruelles vengeances. Mais,
si je voulais exposer en détail, et selon l'importance du
sujet, la fureur des partis et tous les vices de notre
république, le temps me manquerait plutôt que la matière.
Je reprends donc mon récit.
XLIII. Après le traité d'Aulus et la honteuse retraite de
notre armée, Metellus et Silanus, consuls désignés, tirèrent
au sort les provinces. La Numidie échut à Metellus, homme
actif, énergique, d'une réputation intacte, également
respecté de tous les partis, bien qu'il fût opposé à celui du
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