Page 172 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
P. 172
HISTOIRES ARABES
Aussitôt le fasi crut qu'il avait affaire à un diable
et se mit à proférer les formules d'exorcisme :
— Bismiilah er rahman er rahim... Au nom du
Dieu clément et miséricordieux, retire-toi 1 Aoudoii
billah min ech chitan er rajim. Je me réfugie en Dieu
contre Satan le Lapidé...
Puis il appela au secours son esclave :
— Mbarka... Mbarka... aji.
— Il n'y a pas de Mbarka qui tienne, ni de Mbrou-
ka, dit le djibli. Tu vas me rembourser ce que tu m'as
extorqué, vieux fdou ! Je ne te lâcherai que quand
tu m'auras payé la somme.
Et il serra un peu plus fort la virilité du pauvre
homme qui gémit :
— De quelle somme s'agit-il ?
— Tu le sais bien, maudit Bou Khrareb, cinq cents
mithqals. Donne-les-moi tout de suite.
Le fasi s'exécuta, et le djibli s'en alla remboursé.
Mais il préféra quitter cette ville étrange et retourna
à son village.
Ahmed cherchait du travail. Il s'adressa à un de ses
amis qui était teinturier en même temps que joyeux
farceur et qui lui dit :
— Mon cher, tu n'as qu'à te faire épileur. C'est un
bon métier. Tu gagneras beaucoup d'argent sans te
donner trop de peine à enlever les poils intimes des
gens.
— Bien, dit Ahmed.
Et il se mit à parcourir les rues sans se demander
si on s'était ou non moqué de lui en lui conseillant
ce métier imaginaire.
Il arriva devant une maison à la fenêtre de laquelle
— 177 —
12