Page 178 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
— Mais je n'ai jamais été marié, protesta l'homme.
Sans se déconcerter le voyant continua :
Tu as couru de grands dangers dans des pays
lointains...
— Je ne suis jamais sorti de ma ville.
— Montre-moi donc ta main gauche... Bien... Je
lis dans cette ligne que tu as fait une grande perte
d'argent.
,, .
Cette fois tu tombes parfaitement juste, secria
le client. Je viens en effet de perdre celui que je t'ai
donné.
Le pacha d'une ville de Syrie était très voluptueux
et porté sur les femmes. Il donnait tous ses soins à
son harem et s'efforçait de le remplir de beautés
choisies de toutes races.
Il envoya un jour un de ses serviteurs, Ah. qui
était eunuque, acheter une nouvelle concubine à
Smyrne, srand marché d'esclaves circassiennes re-
nommées pour la blancheur de leur peau et la per-
fection de leur beauté.
Quand il se trouva au milieu du marché des escla-
ves, notre eunuque fut bien embarrassé. Comment
Comment trouver
choisir dans une pareille foule ?
celle qui plaira le plus au pacha ?
Ali était plongé dans ces réflexions et fort perplexe
quand il rencontra un de ses amis. Il lui exposa son
embarras et lui demanda conseil. L'ami jeta un coup
d'œil sur les esclaves en vente, se promena çà et là,
et finit par désigner une jeune fille que l'eunuque
acheta et conduisit à son maître.
Celui-ci trouva l'esclave fort à son goût, l'aima, la
rendit mère, en fît sa concubine favorite. 11 était ravi
du choix d'Ali et félicita chaleureusement ce dernier.
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