Page 179 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
P. 179
HISTOIRES ARABES
Quelques mois après, Ali eut encore à se rendre
à Smyrne et y rencontra l'ami qui l'avait si bien con-
seillé.
— Comment, lui dit-il, as-tu fait pour si bien
choisir et tomber si admirablement juste sur une
femme qui a tout de suite tant plu au pacha mon
maître ? C'est merveilleux ! et je voudrais bien con-
naître ton secret.
— Il n'y a pas de secret, dit l'ami. Je ne suis pas
de bois, grâce à Dieu ! J'ai regardé toutes les belles
qui étaient là, et je t'ai indiqué celle devant laquelle
j'ai... enfin... tu comprends... celle qui m'a le plus...
— Ah ! gémit tristement l'eunuque. Je vois ce que
c'est. Hélas ! moi, je ne puis profiter de cette mé-
thode.
Un jour que le calife Haroun Ar Rachid avait la
poitrine rétrécie par l'ennui, il fit venir son poète
favori, Abou Nowas, et lui demanda quelques con-
seils.
— Il faut organiser ta vie, ô émir des croyants, dit
Abou Nowas, de manière à être heureux en ce monde
et en l'autre. Pour ce dernier, fais de bonnes œuvres,
fonde des écoles et des hôpitaux. Dieu te récompen-
sera au paradis. Pour cette terre, profite de ses joies,
jouis des plaisirs, aime, prends notamment un grand
nombre de femmes...
Or, la princesse Zobeida, cousine et première épouse
légitime du calife, écoutait la conversation derrière un
rideau. Elle fut furieuse de ce conseil et envoya quel-
ques solides esclaves bâtonner le pauvre Abou Nowas
qui dut garder le lit plusieurs jours à Ja suite de ce
traitement.
Le calife l'ayant de nouveau convoqué et lui ayant
demandé de lui répéter ce qu'il lui avait dit la der-
- 184 _