Page 180 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
nière fois, Abou Nowas, qui avait deviné, en voyant
une tapisserie bouger légèrement, que la princesse
Zobeida était cachée derrière et écoutait, déclara :
— émir des croyants, je t'ai dit de n'avoir qu'une
seule femme. Les poètes, en effet, et les moralistes
ont dit que le malheur est dans la possession de deux
épouses, que la calamité est dans celle de trois, et
qu'il vaut mieux être mort que d'en avoir qu;^tre
;
tandis qu'au contraire on goûte toutes les joies de
l'amour et de la paix quand on a une seule femme
qu'on chérit et qui vous adore. Voilà ce que je t'ai
conseillé, seigneur.
— Que je me coupe la tête de mes propres mains
si je t'ai entendu parler ainsi I s'écria Haroun Ar
Rachid.
il est vrai, une chose que je ne l'avais pas
— Il y a,
dit encore, c'est ceci : Les Arabes disent que les Be-
nou Makhzoun sont la fleur de la tribu des Qoreichi-
tes, et tu as la fleur de Béni 'Makhzoun (c'est-à-dire
la princesse Zobeida qui descendait de cette tribu).
— Je te répète que tu ne m'as jamais conseillé de
n'avoir qu'une seule épouse, redit le calife. Oserais-
tu me donner un démenti ?
— Et toi, seigneur, veux-tu donc que je meure dans
mon lit ? s'écria le poète en faisant une allusion, que
Zobeida fut seule à comprendre, à sa récente baston-
nade...
Alors la princesse prit la parole de derrière le ri-
deau.
— Oui, dit-elle. Tu as raison, Abou Nowas, tu ne
lui as dit que...
— Que ce que tu viens d'entendre, seigneur, reprit
Abou NoAvas, que le calife congédia sur ces mots et
auquel Zobeida fît porter une belle somme d'argent.
Une autre fois, le poète raconta ce qui s'était passé
à Haroun Ar Rachid qui rit beaucoup et lui fit lui
aussi un cadeau.
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