Page 185 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
voulais faire cela ; je me suis trompé ; je croyais que
c'était ton épouse, la princesse Zobeida.
— Misérable ! s'écria le calife. Voici une excuse
pire que la faute.
— C'est justement, ô calife, ce que tu m'avais de-
mandé l'autre jour.
Haroun Ar Rachid avait une concubine très belle,
nommée Khaliça, qu'il aimait beancoiip. Il lui fil un
jour cadeau d'un splendide collier de perles d'une
très grande valeur.
Abou Nowas apprit ce don ; il n'aimait pas la favo-
rite qui se moquait toujours de lui et cherchait à le
diminuer dans l'esprit du calife.
Il se glissa un jour dans les appartements réservés
du palais et écrivit sur la porte de la belle Khaliça le
vers suivant :
Ma poésie est gâchée sur cette porte comme le
collier sur Khaliça.
Puis il se cacha près de là.
Khaliça, quand elle vit l'inscription, entra dans
une violente colère et déclara au calife :
— Si tu ne fais pas mettre à mort cet impertinent
d'Abou Xowas, je me tuerai.
— Allons voir ce qu'il y a, dit Haroun Ar Rachid,
Si c'est vrai, il sera puni.
Mais pendant ce temps, le subtil poète était venu
modifier l'inscription. Il lui suffit d'allonger un peu
une lettre, de changer un aïn en hemza, d'écrire
dha'a au lieu de dhaa, pour que le vers signifie :
Ma poésie brille sur cette porte, comme le collier
sur Khaliça.
Et le calife ne put rien trouver à redire à ce com-
pliment.
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