Page 61 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
Comme le veut la politesse, Marouf disait que ce
n'était rien du tout.
— Vous ne mangez que ce qui est à vous, ajou-
tait-il.
Tout le monde fut ra_vi de la bonne chère et de sa
courtoisie. On cessa de l'être quand on s'aperçut de
la disparition des babouches.
— Je vous l'avais bien dit pourtant, dit Marouf,
que vous ne mangiez que ce qui était à vous...
Un esclave nègre mentait une fois Tan, une fois
seulement.
Le reste du temps, c'était un serviteur modèle.
Le jour venu de son mensonge, cette année-là, son
maître était allé à son fondouk, car il était négociant
en gros. S 'occupant de ses affaires, il déposa son
burnous. Le nègre s'empara de ce manteau, le teignit
de sang et le porta à sa maîtresse, en disant :
— O Lalla (madame), Sidi (monsieur) est mort.
Voici son burnous ensanglanté.
La femme se mit à pleurer et tout le monde dans
la maison en fît autant.
L'esclave retourne alors au fondouk et dit à son
maître :
— Lalla s'est tuée en tombant de la terrasse.
L'homme accourt et voit, en effet, tout le monde
chez lui en larmes.
Mais entrant dans sa chambre, il j-etrouve sa femme
en pleurs, elle aussi, mais vivante...
L'année suivante, le nègre dit un jour à sa maî-
tresse :
— O Lalla, tu ne sais pas ce qui se passe ?
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