Page 59 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
* Celui-ci, loin de se plaindre, se mit à rire et à
joindre les mains en s'écriant :
— Dieu merci ! Quelle chance ! Quel bonheur !
Louange au ciel I
— Qu'as-iu à te réjouir ainsi ? interrogea le caïd
étonné de cette joie paradoxale.
— Je me félicite, dit le paysan, et je rends grâce à
Dieu d'avoir suivi le conseil de ma femme. Si au lieu
de figues je t'avais apporté des coings, j'aurais eu
certainement la tête cassée...
Ayant un jour besoin d'argent, Joha remit à sa
vieille fripouille de mère une peau qui venait d'être
tannée, en lui disant d'aller au marché et de l'offrir
en vente.
Il se rendit lui-même à ce marché et s'approchant
de sa mère, comme s'il ne la connaissait pas, com-
mença à examiner attentivement la peau. Puis il
en demanda le prix.
— Cent douros, dit la vieille, comme il avait été
convenu entre eux deux. Pas un sou de moins.
— Je n'ai pas d'argent, dit Joha.
Et il continua à examiner la peau, la mesurant avec
sa main dans tous les sens.
— Une main, une main et demie de long.
Quel malheur que je n^aie pas l'argent ; quelle mer-
veille ! Quel malheur que je n'aie pas l'argent !
Un juif passait par là et le regardait faire. Toujours
à l'affût des occasions de bonnes affaires, il se deman-
dait quelle valeur pouvait avoir cette p©au.
— Voilà trois mois, lui dit Joha, que j'en cherche
une pareille. C'est exactement celle-ci qu'il faut.
Et il recommença à mesurer.
— Exactement ce qu'il faut 1 Tout à fait cela I
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