Page 63 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
lui demande quelque chose, je suis caution qu'elle
ne lui sera pas refusée. »
Or, un jour, ce poète fut assigné par un inconnu
devant le cadi pour mille pièces d'or.
Il ne comprenait rien à cette affaire, étant sûr de
n'avoir point fait de dette.
— Où est ton titre ? demanda-t-il au plaignant.
— J'ai lu, dit celui-ci, ton poème, sur la foi duquel
je suis allé demander mille pièces d'or au généreux
vizir Ibn-Malek. Il me les a refusées. Mais puisque
tu t'es porté caution et réponds pour lui, je n'ai pas
d'inquiétude, et te réclame cette somme.
— Bien, dit le poète. Que le seigneur cadi me donne
seulement un court délai.
Le délai fut accordé. Le poète alla raconter le fait
au vizir qui ne put faire autrement que s'exécuter,
mais trouva le poème louangeur un peu cher.
Le lieutenant de police de Bagdad avait interdit de
circuler la nuit, deux heures après le coucher du so-
leil.
Un de ses subordonnés, faisant sa ronde, rencontra
une nuit deux jeunes gens pris de vin.
Leur faute était double, d'avoir contrevenu à l'or-
donnance et de désobéir aux règles du Coran.
— Qui étes-vous, leur dit le policier, pour oser
contrevenir à l'ordre du lieutenant de police ?
Le premier jeune ho'mme répondit qu'ils n'étaient
pias les premiers venus, et qu'on ne pouvait les châ-
tier comme de simples gueux.
— Les plus grands seigneurs, dit«il en vers, trem-
blent devant mon père, se couchant à plat ventre de-
vant lui. Mais lui, il verse, quand il veut, leur sang,
et s'empare de leurs rKfhGs'^es.