Page 66 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
P. 66
HISTOIRES ARABES
de viande et l'emporta dans sa gueule. Retenu par
ses chaînes, le prisonnier ne put courir après.
Mais au lieu de se lamenter, il se mit à éclater de
rire. Et comme les gardes lui demandaient la raison
de cette paradoxale gaieté :
— Je songe, dit-il, qu'hier encore cent chameaux
suffisaient à peine à porter ma cuisine, et que ce soir
un vulgaire chien l'emporte tout enliore dans sa
gueule...
— Combien y a-t-il de fous à Bagdad ? dit un jour
à son bouffon favori, le calife Ha^'oun Ar Rachid. Je
veux que tu m'en dresses la liste.
— Elle serait trop longue, seigneur, repartit le
bouffon. Je vais plutôt dresser la liste des sages ; ce
sera plus vite fait.
Les maîtres d'écoles coraniques de Fès sont pres-
que tous des Djebala, venus de leurs montagnes si-
tuées à l'ouest de la chaîne du Rif, dans le Maroc
septentrional.
Le Djebel produit beaucoup de figues et le mot figue
est allégoriquement synonyme de cul. D'autre part
les Djebala ont la réputation d'aimer les jeunes gar-
çons.
Un de ces maîtres mit un jour des figues dans la
poche de son pantalon et, comme il faisait très chaud,
accrocha celui-ci au mur.
Quelque temps après, il dit à un des élèves du msid
(école coranique primaire) :
— Ouvre le pantalon et donne-moi les figues.
Pensant qu'il s'agissait d'autre chose, le garçon
baissa aussitôt culotte et se mit en position.
Le professeur avait trop de scrupules pour refuser
quoi que ce fût.
-71 -