Page 71 - L'ane d'Or - auteur : APULEE- Libre de droit
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d’un pas ferme au cortège qui la conduit. On arrive au sommet du
rocher indiqué, qui se dresse au-dessus d’une montagne escarpée ; on
y place Psyché, et on l’y laisse seule. La foule se retire, abandonnant
les torches nuptiales, dont elle éteint la flamme dans des flots de ses
larmes. Ainsi se termine la cérémonie, et chacun, la tête baissée,
regagne tristement sa demeure. Quant aux infortunés parents que ce
malheur accable, ils vont s’enfermer au fond de leur palais, et se
condamnent à ne plus revoir la lumière.
Cependant la solitude rend à Psyché toutes ses craintes ; ses larmes
recommencent à couler, quand tout à coup elle se sent caressée par le
souffle amoureux du Zéphyr, qui d’abord fait seulement onduler les
deux pans de sa robe. Le vent en gonfle peu à peu les plis.
Insensiblement Psyché se voit soulevée dans l’air, et enfin transportée
sans secousse du sommet d’un rocher dans un vallon, où la belle se
trouve mollement assise sur un gazon fleuri.
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