Page 91 - L'ane d'Or - auteur : APULEE- Libre de droit
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ta demande ; mais me mettre en opposition avec Vénus ma bru, que
j’aime comme ma fille, le puis-je vraiment avec convenance ? Et puis
il y a des lois qui défendent de recueillir les esclaves fugitifs, et je
n’irai pas y porter atteinte.
Découragée de ce nouvel échec, et renonçant à suivre un mari qui
a des ailes, Psyché se livre à de cruelles réflexions. Où chercher du
secours, quand des déesses même ne me témoignent qu’une bonne
volonté stérile ? Où porter mes pas, quand tant de pièges
m’environnent ? Quel toit, quelle retraite assez obscure pour me
cacher à l’œil inévitable de la toute-puissante Vénus ? Allons, Psyché,
une résolution énergique ! plus d’illusions frivoles. Va, de toi-même,
te remettre aux mains de ta souveraine : ta soumission, pour être
tardive, peut encore la désarmer. Qui sait ? peut-être celui que tu
cherches va-t-il se retrouver dans le palais de sa mère. Ainsi décidée à
cette soumission hasardeuse, dût-elle y trouver sa perte, Psyché déjà
préparait son exorde.
Cependant Vénus, qui a épuisé tous les moyens d’investigation sur
terre, en va demander au ciel. Elle ordonne qu’on attelle son char d’or,
œuvre merveilleuse de l’art de Vulcain, qui lui en avait fait hommage
comme présent de noces. La riche matière a diminué sous l’action de
la lime ; mais, en perdant de son poids, elle a doublé de prix. De
l’escadron ailé qui roucoule près de la chambre de la déesse, se
détachent quatre blanches colombes ; elles s’avancent en se
rengorgeant, et viennent d’un air joyeux passer d’elles-mêmes leur cou
chatoyant dans un joug brillant de pierreries. Leur maîtresse monte ;
elles prennent gaiement leur vol ; une nuée de passereaux folâtres
gazouillent autour du char. D’autres chantres des airs, au gosier suave,
annoncent, par leurs doux accents, l’arrivée de la déesse. Les nuées
lui font place ; le ciel ouvre ses portes à sa fille chérie, et l’Empyrée
tressaille d’allégresse à sa venue. L’harmonieux cortège défile, sans
avoir à craindre la rencontre de l’aigle, ni du vorace épervier.
Vénus va droit à la royale demeure de Jupiter, et la fière solliciteuse
demande hardiment qu’il lui prête le ministère de Mercure ; car il lui
faut la meilleure poitrine de l’Olympe. Signe d’assentiment des noirs
sourcils. Vénus revient triomphante, et, tout en descendant des cieux
avec Mercure, lui dit d’un ton animé : Mon frère l’Arcadien, vous
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