Page 101 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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n’avait pu voir sans peine les présents
              qui avaient été faits au médecin, dont
              le mérite d’ailleurs commençait à lui
              faire ombrage : il résolut de le perdre
              dans l’esprit du roi. Pour y réussir,
              il alla trouver ce prince, et lui dit
              en particulier, qu’il avait un avis de
              la dernière importance à lui donner. Le
              roi lui ayant demandé ce que c’était :
              « Sire, lui dit-il, il est bien
              dangereux à un monarque d’avoir de la
              confiance en un homme dont il n’a point
              éprouvé la fidélité. En comblant de
              bienfaits le médecin Douban, en lui
              faisant toutes les caresses que votre
              majesté lui fait, vous ne savez pas que
              c’est un traître qui ne s’est introduit
              dans cette cour que pour vous
              assassiner.
              - De qui tenez-vous ce que vous m’osez
              dire ? répondit le roi. Songez-vous que
              c’est à moi que vous parlez, et que
              vous avancez une chose que je ne
              croirai pas légèrement ?
              - Sire, répliqua le vizir, je suis
              parfaitement  instruit de ce que j’ai
              l’honneur de vous representer. Ne vous
              reposez donc plus sur une confiance
              dangereuse. Si votre majesté dort,
              qu’elle se réveille : car enfin, je le
              répète encore, le médecin Douban n’est
              parti du fond de la Grèce, son pays,il
              n’est venu s’établir dans votre cour,
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