Page 102 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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que pour exécuter l’horrible dessein
dont j’ai parlé.
- Non, non, vizir, interrompit le roi,
je suis sûr que cet homme, que vous
traitez de perfide et de traître, est
le plus vertueux et le meilleur de tous
les hommes ; il n’y a personne au monde
que j’aime autant que lui. Vous savez
par quel remède, ou plutôt par quel
miracle il m’a guéri de ma lèpre ; s’il
en veut à ma vie, pourquoi me l’a-t-il
sauvée ? Il n’avait qu’à m’abandonner à
mon mal ; je n’en pouvais échapper ; ma
vie était déjà à moitié consumée.
Cessez donc de vouloir m’inspirer
d’injustes soupçons ; au lieu de les
écouter, je vous avertis que je fais
dès ce jour à ce grand homme, pour
toute sa vie, une pension de mille
sequins par mois. Quand je partagerais
avec lui toutes mes richesses et mes
états mêmes, je ne le paierais pas
assez de ce qu’il a fait pour moi.
Je vois ce que c’est sa vertu excite
votre envie ; mais ne croyez pas que je
me laisse injustement prévenir contre
lui ; je me souviens trop bien de ce
qu’un vizir dit au roi Sindbad son
maître, pour l’empêcher de faire mourir
le prince son fils… »
Mais, sire, ajouta Scheherazade, le
jour qui paraît me défend de
poursuivre. » Je sais bon gré au roi