Page 108 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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coupable. Mais, sire, ce n’est point
              ici une chose incertaine : le médecin
              Douban veut vous assassiner. Ce n’est
              point l’envie qui m’arme contre lui,
              c’est l’intérêt seul que je prends à la
              conservation de votre majesté ; c’est
              mon zèle qui me porte à vous donner un
              avis d’une si grande importance. S’il
              est faux, je mérite qu’on me punisse de
              la même manière qu’on punit autrefois
              un vizir.
              - Qu’avait fait ce vizir, dit le roi
              grec, pour être digne de ce châtiment ?
              - Je vais l’apprendre à votre majesté
              sire, répondit le vizir ; qu’elle ait,
              s’il lui plaît, la bonté de m’écouter.
              »

              HISTOIRE DU VIZIR PUNI.
              « Il était autrefois un roi,
              poursuivit-il, qui avait un fils qui
              aimait passionnément la chasse. Il lui
              permettait de prendre souvent ce
              divertissement ; mais il avait donné
              ordre à son grand vizir de
              l’accompagner toujours et de ne le
              perdre jamais de vue. Un jour de
              chasse, les piqueurs ayant lancé un
              cerf, le prince, qui crut que le vizir
              le suivait, se mit après la bête. Il
              courut si longtemps, et son ardeur
              l’emporta si loin, qu’il se trouva
              seul. Il s’arrêta, et remarquant qu’il
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